Trois des scooters fabriqués pour l'Armée
sont préparés en un mois, peints couleur sable.
Les trois pilotes, âgés de vingt ans, étudiants à l'école
des Travaux Publics de Cachan, sont, de gauche à droite :
Le cadre du scooter est renforcé, équipé
d'un réservoir d'eau potable de 30 litres sur le garde-boue avant, d'un réservoir
de 15 litres d'huile à droite de la selle, plus deux bidons accrochés sur les côtés.
Les pièces détachées, dont un moteur et demi de rechange
démonté, sont réparties sur les trois machines dans leurs
deux énormes sacoches de cuir et deux roues de
secours. Ils emmènent aussi une valise d'effets
personnels contenant même un costume de réception !
Ce qui porte le poids de ces scooters à plus de
270 kg, auquels il faudra ajouter 2 jerricans d'essence de 25 litres au cours
du trajet... plus le pilote !
Ils partent le Dimanche 9 août 1953 du parvis de Notre-Dame à Paris.
L'un des scooters au départ sur le parvis de Notre-Dame à Paris.
Les trois scooters au départ devant Notre-Dame, des badauds s'attardent..
En costume sombre, René Bernardet au centre s'entretient avec les 3 pilotes.
Sur la droite, Françoise Bernardet, fille de René.
Elle épousa André Fresneau quelques années plus tard.
Dans le désert nord Mauritanien après Bir Moghrein (Fort Trinquet), André Fresneau chute lourdement, reçoit le scooter sur la cheville et est blessé. Après une nuit dans le désert à attendre le passage hypothétique d'un camion, il est finalement rapatrié dans un avion Junker à l'hôpital d'Agadir, le 11 septembre, où il restera 5 jours, puis rentrera en France.
Voir la carte du trajet ci-dessous.
Michel Donadoni et Jean Bardot poursuivent leur périple.
Michel Donadoni casse son tube de direction qu'ils réparent tant bien que mal, attendant la nuit que le métal refroidisse. Ils traversent les dunes de sable du sud Mauritanien à pied en poussant leurs machines.
Ils font ressouder la direction dans les Mines près d'Akjoujt.
Ils rejoignent Nouakchott où ils se baignent seuls sur une plage bordée de trois maisons !
Puis ils arrivent à Dakar.
Ravitaillement en essence à Dakar pour Michel Donadoni et Jean Bardot.
Après des réparations à Télimélé en Guinée, ils changent leur itinéraire et se dirigent vers Conakry.
Cette partie de l'Afrique, montagneuse, pluvieuse, boueuse a eu raison de leur projet, Abidjan est résolument trop loin.
L'aventure se termine à Conakry. Après avoir tenté de joindre l'Usine Bernardet pour obtenir des pièces, trop chères à leur envoyer, les scooters sont restés à Conakry et eux aussi.
Ils y ont vécu environ un an.
Voir la carte du trajet ci-dessous.
Le 1er Juin 2011, nous avons pu avoir le fin mot de l'histoire lors d'une exceptionnelle rencontre avec Jean Bardot en voyage à Paris. Il a eu la gentillesse de nous raconter sa partie du trajet et nous a livré ces informations inédites, 58 ans après !
Nous le remercions chaleureusement.
Il avait déménagé au Brésil après son retour de la Guerre d'Algérie. Michel Donadoni a longtemps résidé en Grèce. Il est décédé vers 2006.
Le scooter d'André a été le seul rapartié et exposé avec sa poussière de sable au Salon de l'Auto fin octobre 1953.
Un article est paru dans "La Vie de la Moto"
No 222 du 1er mars 1998.
Ils étaient partis avec la Carte Michelin du Maroc
et le Guide du Tourisme au Sahara en poche !!
Dans le guide du tourisme au Sahara, page 457 :
le texte de la Réglementation officielle, Code Saharien de la Route
commence par :
C'est clair...
En ROUGE le trajet Aller effectué à trois, puis à deux
avec la BIFURCATION vers Conakry après Télimélé en Guinée.
En VERT le trajet aller prévu jusqu'à Abidjan.
En ORANGE le trajet retour prévu via Niamey et le Sahara algérien.