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LES SCOOTERS BERNARDET

LE VOYAGE DES
"BOURRICOT-TOUMOUBILE"


En juillet 1953, André Fresneau, propose l'idée aux frères Bernardet
d'envoyer 3 pilotes pour démontrer la robustesse de ces scooters militaires,
conserver le marché de construction de side-cars pour l'Armée Française
et revaloriser la marque Bernardet face à ses concurrents
qui avaient réalisé des raids sahariens.


Trois des scooters fabriqués pour l'Armée sont préparés en un mois, peints couleur sable. Les trois pilotes, âgés de vingt ans, étudiants à l'école des Travaux Publics de Cachan, sont, de gauche à droite :

Michel Donadoni, André Fresneau et Jean Bardot.
scoot_des_sables

Le cadre du scooter est renforcé, équipé d'un réservoir d'eau potable de 30 litres sur le garde-boue avant, d'un réservoir de 15 litres d'huile à droite de la selle, plus deux bidons accrochés sur les côtés.
 
Les pièces détachées, dont un moteur et demi de rechange démonté, sont réparties sur les trois machines dans leurs deux énormes sacoches de cuir et deux roues de secours. Ils emmènent aussi une valise d'effets personnels contenant même un costume de réception !

Ce qui porte le poids de ces scooters à plus de 270 kg, auquels il faudra ajouter 2 jerricans d'essence de 25 litres au cours du trajet... plus le pilote !
 
Ils partent le Dimanche 9 août 1953 du parvis de Notre-Dame à Paris.

scooter bernardet abidjan 01

L'un des scooters au départ sur le parvis de Notre-Dame à Paris.

 

depart paris

Les trois scooters au départ devant Notre-Dame, des badauds s'attardent..
En costume sombre, René Bernardet au centre s'entretient avec les 3 pilotes.
Sur la droite, Françoise Bernardet, fille de René.
Elle épousa André Fresneau quelques années plus tard.

Le trajet prévoyait des étapes quasiment impossible à tenir de 300 à 500 kms par jour dans le désert, une arrivée à Dakar le 27 août, Abidjan le 8 septembre, retour par Niamey le 15 septembre, Gibraltar le 29, avec une arrivée à Paris le 4 octobre pour exposer au salon.

Dès Casablanca, Agadir, Tindouf, les pistes ont rapidement raison des moyennes et des distances prévues avec un maximum de 300 km en 15 heures de selle épuisantes par jour...

Un scooter n'est pas adapté à une position de conduite debout, impossible à tenir sur un "bourricot-toumoubile" de ce poids, comme les surnomment les villageois africains !

Les pneus crantés se révèlent inadaptés à la conduite sur sable, la soufflerie du moteur envoie trop de sable sur la chaîne de transmission qu'il faut régulièrement dégraisser à l'essence. Ils chutent dix fois par jour en roulant sur des poches de sable mou, restant parfois longtemps sonné par le vol plané et la chute.

Dans le désert nord Mauritanien après Bir Moghrein (Fort Trinquet), André Fresneau chute lourdement, reçoit le scooter sur la cheville et est blessé. Après une nuit dans le désert à attendre le passage hypothétique d'un camion, il est finalement rapatrié dans un avion Junker à l'hôpital d'Agadir, le 11 septembre, où il restera 5 jours, puis rentrera en France.

Son scooter est transporté jusqu'à Agadir. Le prix demandé par le transporteur pour le renvoyer à Paris est trop élevé, le scooter restera à Agadir. Les 2 compagnons poursuivent leur route, mais ne donnent plus de leurs nouvelles à l'usine. Les Bernardet considèrent le raid comme un échec.

 

Voir la carte du trajet ci-dessous.

Néanmoins, Michel Donadoni et Jean Bardot poursuivent leur périple.
Michel Donadoni casse son tube de direction qu'ils réparent tant bien que mal, attendant la nuit que le métal refroidisse. Ils traversent les dunes de sable du sud Mauritanien à pied en poussant leurs machines.
Ils font ressouder la direction dans les Mines près d'Akjoujt.
Ils rejoignent Nouakchott où ils se baignent seuls sur une plage bordée de trois maisons !
Puis ils atteignent enfin Dakar.

essence

Ravitaillement en essence à Dakar pour Michel Donadoni et Jean Bardot.

Cette partie de l'Afrique, montagneuse, pluvieuse, boueuse a eu raison de leur projet, Abidjan est résolument trop loin. Après des réparations à Télimélé en Guinée, ils changent leur itinéraire et se dirigent vers Conakry.

L'aventure se termine à Conakry. Après avoir enfin tenté de joindre l'usine Bernardet pour obtenir des pièces, trop chères à leur envoyer, les scooters sont restés à Conakry et eux aussi.
Ils y vivront environ un an.

 

Voir la carte du trajet ci-dessous

 

58 ans après, la vérité nous parvient !

Le 1er Juin 2011, nous avons pu avoir le fin mot de l'histoire lors d'une exceptionnelle rencontre avec Jean Bardot de passage à Paris. IL est venu rendre visite à André Fresneau et nous avons rouvert les albums photos !

Il a eu la gentillesse de nous raconter sa partie du trajet et nous a livré ces informations inédites, 58 ans après ! Nous le remercions chaleureusement.

Il avait déménagé au Brésil après son retour de la Guerre d'Algérie. Michel Donadoni a longtemps résidé en Grèce, il y décédé vers 2006.

 
Un article est paru dans "La Vie de la Moto" No 222 du 1er mars 1998.

 

Voici le Road Book du trajet Paris-Abidjan-Paris prévu.
trajet paris abidjan

carte marco   guide sahara

Ils étaient partis avec la Carte Michelin du Maroc
et le Guide du Tourisme au Sahara en poche !!

 

guide du sahara route

Dans le guide du tourisme au Sahara, page 457 :
le texte de la Réglementation officielle, Code Saharien de la Route
commence par :

guide sahara de la route
C'est clair...

carte trajet scooters Accident André Fresneau

En ROUGE le trajet ALLER effectué à trois depuis paris,
puis à deux après l'accident d'André en Mauritanie.

En ROUGE FONCÉ, la BIFURCATION vers Conakry après Télimélé en Guinée.

En VERT le trajet ALLER prévu jusqu'à Abidjan.

En ORANGE le trajet RETOUR prévu via Niamey et le Sahara algérien.

 

Téléchargez le fichier GOOGLE EARTH du trajet complet
 

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